Parce qu'aujourd'hui j'ai mal...

... j'ai mal sans connaitre les personnes
qui sont parties aujourd'hui...

J'ai mal pour cette injustice,
pour cette violence,
pour cette peur au ventre...

Je ne suivais pas plus que çà Charlie Hebdo,
ou encore les dessinateurs,
je savais juste que le peu que j'en savais,
ils méritaient le respect,
d'être les rois de l'ironie,
et de ce fait de toucher là où çà faisait mal
en nous laissant un sourire en coin gêné...

Des Artistes avec un grand A,
touchant l'âme,
bousculant les idées,
tout çà à l'aide de quelques traits
et de formules percutantes...

Je ne suis pas concernée,
et pourtant j'ai un poids sur l'estomac,
une pression dans la poitrine,
j'ai du mal à sourire,
et je n'ai de cesse de repenser à ces morts injustes...

Mais où va-t-on?

Plus jeune,
je ne voulais pas d'enfants
pour être sure qu'ils ne souffrent pas...

Mettre au monde un mini moi,
et savoir que j'allais le voir se faire malmener,
c'était égoïste selon moi...

Et puis Yaya et Nico sont arrivés,
avec heureusement,
une santé d'enfer,
de quoi me faire déculpabiliser de leur avoir donné la vie...

Et quand je vois où va le monde,
les délires de gens malades,
qui frappent un peu au hasard,
mes vieux démons reviennent,
et j'ai à nouveau peur pour mes petits, égoïstement...

Je me dis qu'eux,
ils étaient au courant de ce qu'ils risquaient,
quand on entend les commentaires que la presse ressort ce soir,
ils savaient et ils en ont eu suffisamment pour continuer
en tout état de cause...

Je ne suis pas concernée,
mais dans ma voiture,
en écoutant les infos et les survivants en train de raconter,
j'ai pleuré,
comme si çà aiderait leur famille à pleurer un peu moins...

Ce soir j'ai vraiment mal,
mal à notre France,
notre jeunesse,
notre liberté,
nos valeurs...

Ce soir,
je ne suis pas sure qu'il y ait quelqu'un
capable de soigner le monde à l'avenir,
et je me rends compte que je vais encore avoir mal,
peut etre même plus,
peut etre même plus souvent,
et je n'aurai qu'à endurer,
sans vraiment pouvoir me retourner,
m'échapper ou me défendre...

Ce soir,
toutes mes pensées vont à ces familles,
à ces amis, ces connaissances,
qui vont être touché de près ou de loin,
comme éclaboussés,
et qui vont avoir mal à leur tour,
mais bien plus profondément que moi...

Ce soir j'ai mal,
mais demain, j'essairai d'avoir moins peur,
en souvenir...